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Le SYNEMAG-B a plusieurs cordes à son arc

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Par Sofia Trevino Dernière modification 18/10/2021 21:46
Des activités génératrices de revenus pour les travailleurs dépossédés – CALENDRIER FITD 2022

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Le SYNEMAG-B a plusieurs cordes à son arc :
Des activités génératrices de revenus pour les travailleurs dépossédés

 

La photo présentée pour notre mois de février a été prise le jour de la fête du Travail, en 2019 au Burkina Faso, lors d'une marche organisée par de nombreux travailleurs, dont des travailleurs domestiques. Nous avons rencontré Assétou Espérance Traore, qui est le point de contact des activités du SYNEMAG-Burkina Faso et la Vice-présidente du comité des femmes de l'UITA pour en savoir plus sur ce moment historique et les femmes qui l'ont rendu possible. Assétou a été rejointe par Salimata Kiemtore, la travailleuse domestique représentée sur la photo.

Sur la photo, nous voyons Salimata Kiemtore, une travailleuse domestique dans sa 30e semaine de grossesse. Elle s’est manifesté parce qu'elle était en colère contre ses conditions de travail : « Je voulais montrer notre mécontentement face au manque flagrant de reconnaissance de nos droits », elle a déclaré. « Nous n'avons pas de congé de maternité et nous ne pouvons pas non plus emmener nos bébés avec nous au travail. Nous devons travailler les neuf mois jusqu'à l'accouchement ». Salimata s'est tenue en première ligne de la marche pour que les autorités puissent la voir et comprendre que les travailleuses domestiques doivent avoir des droits de travailleurs et des droits de femmes, que c'est une travailleuse enceinte qui doit être entendue. Cette marche pour la fête du Travail était différente de la précédente parce qu'elle était dirigée par des femmes et non par des hommes.

Depuis 2015, l'UITA souhaitait s'adresser aux travailleurs domestiques, Assétou a donc rencontré le SYNEMAG-B et l'a aidé à s'affilier à l'UITA et à la FITD. Issue d'un milieu syndicaliste, elle souhaite que les travailleuses ne soient plus vulnérables : « Le monde du travail est le monde du travail, et il n'y a aucune raison de minimiser ou de mépriser un secteur d'activité », a déclaré Assétou. « Le travail est une chaîne qui va du domestique au culturel, en passant par le médical, le diplomatique, etc. Et tout le monde s'appuie sur le travail domestique pour que la chaîne soit complète. Imaginez un ménage sans travail domestique : Ce serait catastrophique ! »

Au Burkina Faso, le congé de maternité est un droit pour les secteurs privé et public, dans tous les secteurs reconnus comme un « travail », ce qui n'est pas le cas du travail domestique. Parmi les travailleurs domestiques organisés au sein du SYNEMAG-B, seuls 3 à 5 % environ peuvent accéder à une forme de congé de maternité, et seulement s'ils sont de grands négociateurs, autrement : « Ce n'est même pas une négociation. On ne négocie pas avec son employeur, on obéit simplement pour ne pas être licencié ». Au sein du syndicat, Assétou supervise de nombreuses activités. Outre la formation des travailleurs domestiques à la défense de leurs droits par le biais de la C189 sur les travailleurs domestiques, elle organise des activités de développement personnel pour améliorer les compétences des travailleurs, ce qui leur donne plus de confiance pour défendre leurs droits.

Salimata a eu trois enfants tout en travaillant comme travailleuse domestique : sur la photo, elle était enceinte son cadet. Son ainé a maintenant 22 ans et le plus jeune a 5 mois. Elle le tenait dans ses bras en racontant son histoire : « Avec celui-ci, j'ai été licenciée alors que j'étais à 16 semaines, car j'ai essayé de négocier un congé de maternité avec mon employeur qui ne m'a versé aucune cotisation de Sécurité sociale et ne m'a donné aucun congé. Il m'a licenciée à la place », a-t-elle déclaré. Salimata est sans travail depuis. La recherche d'un emploi pendant sa grossesse n'a pas été fructueuse, pas plus que celle d'un emploi avec un bébé dans les bras : « Je ne pouvais pas laisser un bébé de 5 mois à la maison pendant que je travaillais, mais personne ne voulait de nous ».

En attendant son deuxième enfant, Salimata n'a pu conserver son emploi que parce qu'elle a travaillé jusqu'à l'accouchement. Elle a eu de la chance : son accouchement a eu lieu la semaine où ses employeurs étaient en vacances. À leur retour, elle a repris le travail. Elle avait l'habitude de confier son deuxième enfant à un vendeur ambulant qui vendait des pâtisseries près de la maison de son employeur. Elle le mettait dans une boite en carton près du gentil inconnu et allait travailler de 7 heures à 17 heures tous les jours. Elle ne pouvait pas allaiter et ne quittait la maison de son employeur en secret que pour aller voir son enfant lorsque l'occasion se présentait. Sinon, elle devait travailler sous la surveillance de ses employeurs sans prendre de pause. Son fils avait de l'eau et parfois du lait en poudre bon marché, mais pas constamment comme un enfant en avait besoin.

Salimata est travailleuse domestique depuis 23 ans, depuis ses 14 ans, et membre du SYNEMAG-B depuis 21 ans. Les membres se sont d'abord réunis dans les églises et en secret parce qu'ils n'avaient pas d'espace pour s'organiser. Salimata se souvient de la première réunion qu'ils ont tenue. Elle se souvient avoir appris beaucoup de choses, par exemple, qu'elle travaillait bien au-delà des heures acceptables, que c'est courant, mais que ce n'est pas normal. Elle a également appris qu'elle avait le droit de sortir pendant la pause de midi. Ces informations l'ont motivée.

Avec la Covid-19, le syndicat SYNEMAG-B se concentre sur la création d'activités génératrices de revenus pour ses membres. Les travailleurs domestiques sont formés à la production de savon liquide, de shampoing et de produits de nettoyage afin qu'ils puissent avoir un revenu supplémentaire pour compléter leurs salaires qui ont été réduits lors de la pandémie. L'UITA les a mis en contact avec des travailleurs de l'hôtellerie et du secteur du tourisme, afin que les hôtels puissent acheter certains produits de nettoyage dans le cadre de cette initiative.

Les travailleurs continuent de chercher des moyens de diversifier leurs revenus. Ils envisagent actuellement une formation sur les techniques d'élevage de poules, afin que les familles des travailleurs domestiques puissent avoir quelque chose sur quoi s'appuyer. Lorsqu'un travailleur domestique est plus confiant dans le fait qu'il peut accéder à une forme de subsistance et qu'il n'est pas prisonnier d'un mauvais emploi, il se permet de négocier davantage. Lorsqu'il sait qu'il a d'autres compétences que celles de faire le ménage, la cuisine et les soins, il est plus sûr que si l'employeur le licencie, il peut chercher un autre emploi. Mme Assétou explique également qu'il s'agit d'une stratégie intelligente pour tous les types de travailleurs : « Par exemple, les travailleurs du secteur public, comme les comptables, ne se limitent pas à la comptabilité. Ils suivent une formation supplémentaire en gestion des ressources humaines ou apprennent une autre langue pour améliorer leur profil. Pourquoi cela ne serait-il pas une option pour le secteur du travail domestique ? » explique-t-elle. « Nous appelons cela ajouter des cordes à notre arc ! »

Salimata, par exemple, est passionnée de cuisine. Elle a appris la cuisine libanaise dans une famille, puis les cuisines allemande et française dans d'autres et connait maintenant de multiples cuisines internationales. Elle travaillait comme nounou le matin et faisait des services dans des restaurants jusqu'à 2 heures du matin. Dans un monde où le travail domestique est reconnu, elle veut se spécialiser en tant que chef. Comme les formations et les cours de renforcement des capacités professionnelles sont payants et inabordables, les syndicalistes tentent de trouver un budget pour financer des activités génératrices de revenus, pour les enseigner aux travailleurs. Et malgré la détérioration de la situation avec la Covid-19, ces syndicalistes ne renoncent pas à leurs projets. Comme le dit Salimata : « J'aime ce que je fais. Quand vous aimez ce que vous faites, vous devez vous battre pour cela. Donc, je me bats pour le travail domestique. »

 

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